Un Dernier Jour

Publié le par jpll

Exercice de synopsis pour Rémi...

Idée:
Un homme qui a vécu un drame personnel violent se réfugie dans un bistrot de campagne pour y vivre une dernière journée de bonheur...

Synopsis :

Un (vieil) autobus grimpe difficilement une route de montagne.
Il s’arrête dans un village.

Un homme est descendu.
Il a la trentaine/quarantaine. Il est vêtu d’un complet sombre et fatigué, avec des baskets aux pieds. Il a sur l’épaule un grand sac de marin.

L’homme se dirige directement vers le bistrot du village, sans un regard pour le paysage et le soleil qui décline derrière lui.
Il entre.

La salle du bistrot est vide (elle sera vide jusqu’à la fin). Sauf la patronne qui est derrière son comptoir.
La patronne a, elle aussi, la trentaine/quarantaine. Elle est vêtue d’un assemblage de vêtements sans forme et sans époque.
Elle voit à peine l’homme qui rentre, perdue dans des pensées vides, une sorte de fixité méditative.

L’homme s’approche du comptoir et dit :
“ Je veux dormir ”
La femme répond d’une faible voix :
“ Le bar ne fait plus hôtel depuis au moins 20 ans, mais je vais vous trouver une chambre ”.
( C’est la seule fois où elle lui parle)

La femme le conduit à l’étage et lui ouvre la porte d’une chambre à l’équipement très sommaire, et manifestement abandonnée depuis des lustres.
L’homme ne dit rien, pose son sac sur une chaise. Il se couche immédiatement en s’entortillant dans une vieille couverture.
Il s’endort.

Plans courts, flashs violents, cris d’enfant ... images qui suggèrent un accident de voiture dans la nuit....
L’homme se tourne et se retourne sur son lit.

Fondu au noir.

Nouveau jour.
L’homme se réveille. On voit par la fenêtre, derrière lui, qu’il pleut abondamment.

Retour dans la salle du bistrot, toujours aussi vide.
On entend la pluie, un bruit de radio venu de l’arrière salle et le battement d’une vieille horloge. Lumière en clair obscur.
La patronne est exactement à la même place que la veille, et dans la même posture.

L’homme entre et dit :
“ Je veux manger ”.

Toutes les scènes suivantes auront la même forme : l’homme demande et la femme accède à sa demande.
A part les demandes exprimées par l’homme, les personnages n’échangent aucune parole, aucun dialogue n’est engagé.
Les deux personnages jouent une forme de ballet très lent, et très doux, à peu de mouvement et avec des regards qui ne se croisent jamais.
Rien ni personne ne les dérangent. Pas d’autres bruits que la rumeur de la radio et l’horloge qui cadence le temps. La pluie dehors.

La femme apporte à manger : du pain, du vin, des charcuteries, des fromages ....

Successivement l’homme demande :
“ Je veux caresser la tête d’un enfant ”
“ Je veux faire l’amour ”
“ Je veux le silence “
“ Je veux crier ”

Elle répond à toutes ces demandes avec la même placidité.
Elle apporte un couffin avec un baigneur en plastique.
Elle remonte sa robe pour chevaucher l’homme resté assis sur sa chaise.
Elle éteint la radio et bloque l’horloge. le bruit de la pluie s’arrête tout seul...
Elle retourne derrière son comptoir pendant que l’homme crie.

Puis l’homme dit :
“ Je veux marcher dans la forêt ”.
L’homme sort sous la pluie.

On ne sait pas s’il va revenir

Images en gros plan de la forêt sous la pluie.
Troncs d’arbres, fougères, flaques d’eau, cailloux....
( mais on ne voit pas l’homme marcher)

Attente. Attente.
La femme est retournée à son poste derrière le comptoir.
La pluie s’est arrêtée. Silence total.

L’homme rentre. Sans un mot il se dirige vers la chambre.

Fondu au noir.
Nouveau jour.

Retour dans la salle du bistrot.
Bruit d’orage, de radio, d’horloge.
Lumière noire et grise.
La patronne est derrière son comptoir, mais avec des signes d’agitation.
L’homme ne descend pas.
Attente, attente.
Crescendo du bruit. Crescendo de l’agitation de la patronne qui finit par quitter son comptoir.

La femme se décide à monter dans la chambre
Elle entre après avoir frappé violemment sur la porte.
Le lit est vide, la couverture chiffonnée par terre.

Silence.

L’homme a disparu.

Silence.

Il ne reste que le sac de marin.
La femme s’en empare et le vide sur le lit.
Elle en sort des vêtements et des jouets d’enfant.
Une voiture miniature roule et tombe du lit.

D’un seul coup, il s’opère une sorte de basculement.
Une lumière blanche éclaire violemment la chambre.
En bas, la salle de bistrot, pleine de lumières, est brusquement envahie de clients de toutes sortes, de tous âges, dans un brouhaha coloré et chaleureux.
La vie reprend, la vie continue.

FIN

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